Cannabis vs cancer
l’étude ultime
Publié en début de semaine dernière, les conclusions d’une gigantesque étude sur le cancer et le cannabis. Elles démontrent que ce dernier présenterait bien plus d’effets bénéfiques que délétères. Des résultats cruciaux qui pourraient bien mettre à mal les nombreuses controverses sur le sujet.
Si les décisions politiques concernant le cannabis et sa légalisation semblent avoir été mises en berne un peu partout dans le monde. Supplantées par une actualité économique et géopolitique chargée, la recherche quant à elle ne connaît pas de temps morts et fourmille même d’activité, multipliant les études.
Celles concernant les effets du cannabis sur les patients atteints de cancers ne sont pas nouvelles, puisque le sujet est régulièrement traité par les chercheurs depuis des décennies, sans que jamais la science ne soit parvenue à établir un réel consensus en faveur ou en défaveur de la plante. À cet égard, la méta-analyse menée par une équipe de scientifiques américains issue du Whole Health Oncology Institute sise à Evergreen, dans le Colorado, en collaboration avec la Chopra Foundation située quant à elle à New York présente-t-elle un intérêt majeur pour toute la communauté médicale, puisqu’elle suggère que le cannabis est susceptible de lutter non seulement contre la douleur, mais aussi contre la maladie elle-même.
C’est dans la revue scientifique Frontiers in Oncology qu’ont été publiées les conclusions de la vaste étude américaine dirigée par le Pr Ryan Castle, qui en a ainsi précisé le but : « Notre objectif était de déterminer le consensus scientifique sur le sujet du cannabis médical, un domaine qui a longtemps été dominé par une guerre entre des études triées sur le volet. » Ici, pas d’expérience menée en double aveugle avec des volontaires, donc, mais l’utilisation de l’intelligence artificielle pour en tirer une sorte de bilan des milliers de publications disponibles sur le sujet dans la littérature médicale et parvenir peut-être enfin à un véritable consensus. L’équipe du Professeur Castle, composée de neuroscientifiques, oncologues et biochimistes a donc examiné plus de 10 000 études et en a retenu un peu moins de la moitié parmi les plus rigoureuses à des fins d’analyse détaillée. Pendant deux ans, les chercheurs ont mis à contribution différents outils basés sur l’intelligence artificielle qui ont permis d’obtenir des résultats sans appel.
Le cannabis médicale serait efficace pour traiter les symptômes du cancer, mais aussi la maladie elle-même en agissant sur les cellules malignes.
En effet, alors que les scientifiques s’attendaient à trouver au mieux la moitié des études traitées en faveur du cannabis, ce sont environ 75 % d’entre elles qui ont des décrits des effets bénéfiques pour les patients atteints de cancers divers. « Ce n’est pas 55-45, mais 75-25 en faveur du cannabis, a déclaré le Pr Castle. C’est un consensus stupéfiant dans la recherche en santé publique, et certainement bien plus que ce à quoi nous nous attendions pour un sujet aussi controversé que le cannabis médical. La force de corrélation agrégée du cannabis sur tous les sujets liés au cancer indique que le soutien au cannabis médical est 31,38 fois plus fort que l’opposition à celui-ci ». Cette méta-analyse a également permis de dresser un tableau plus détaillé des bénéfices apportés par le cannabis au malades du cancer, parmi lesquels une amélioration du sommeil pour 40 % d’entre eux, une réduction de la douleur pour 57 %, ou encore une atténuation des symptômes induits par la chimiothérapie et notamment l’inflammation, les nausées et vomissements ou la perte d’appétit.
Mais le bénéfice le plus inattendu et intéressant paraît être l’effet du cannabis médical sur la maladie elle-même et pas seulement sur ses conséquences. Les chercheurs ont ainsi constaté que les études analysées décrivaient le potentiel du chanvre thérapeutique pour agir sur les tumeurs et stopper la progression de la maladie, en particulier dans le cas de cancers du sein ou du côlon. Les résultats ont également suggéré que le cannabis pouvait non seulement inhiber la propagation des cellules cancéreuses mais aussi favoriser leur destruction. Si la méta-analyse des scientifiques du Colorado, revue par des pairs, a été saluée par de nombreux professionnels de santé, elle a également écopée de critiques remettant en question ses conclusions, notamment de la part d’oncologues de terrain. En effet, si certains ont admis que le cannabis thérapeutique pouvait se monter efficace pour traiter les symptômes du cancer et les effets secondaires de la chimiothérapie, ils ont fait part de leur scepticisme concernant sa capacité à agir directement sur la maladie et à participer à sa guérison. De leur côté, les auteurs de l’étude ont prévenu qu’ils ne prétendaient en aucun cas avoir démontré que le cannabis pouvait se substituer aux traitements conventionnels et que tel n’était d’ailleurs pas leur objectif. « Même si des recherches complémentaires sont évidemment nécessaires, les résultats encourageants de l’étude peuvent toutefois ouvrir la voie vers une prise en compte élargie du cannabis dans les protocoles de traitement du cancer », ont-ils avancé en guise conclusion.
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